Diverses notes utilisées en cours d'histoire. Film documentaire, archives filmées, cinéma historique, films en costume.
vendredi 23 septembre 2011
A Foreign Affair
A Foreign Affair, Billy Wilder, 1948, avec Marlène Dietrich et un super acteur, John Lund, genre Gary Cooper ou Cary Grant. L’action se passe à Berlin en 1946. Le film, qui à l'origine était destiné au public allemand, fut un succès commercial aux Etats-Unis mais ne fut diffusé en Allemagne qu'en 1977!
Chansons et piano par Friedrick Hollander (sur la photo) qui est le partenaire musical de Marlène Dietrich depuis un de ses premiers films: L'Ange Bleu (1930).
Photo
Titre français du dvd : La scandaleuse de Berlin.
Titre en italien : Scandalo internazionale.
Titre en portugais : A sua melhor missão.
Titre en brésilien : A mundana.
Phrases célèbres (et drôles) du film (dans sa version anglaise)
Les personnages principaux :
Erika Von Schlütow, la chanteuse de cabaret (Marlène Dietrich), soupçonnée d’être nazie
Parlementaire Phoebe Frost (Congresswoman Phoebe Frost), la dame très stricte (au début) qui vient enquêter sur la moralité des troupes d’occupation à Berlin
Capitaine Pringle, le héros, le séducteur (en service commandé), travaille au bureau de dénazification.
Nom du Nazi, membre de la gestapo, protecteur de Erika Von Schlütow: Hans Otto Birgel (nom fictif).
Chansons:
A Foreign Affair clip : Black Market (la première chanson du film)
Illusions
Dans les ruines de Berlin (la dernière chanson)
Eléments documentaires :
Plusieurs fois, des vues de Berlin en ruine (prises originales de 1945); mais 85% du film tourné en studio à Hollywood; toutes les scènes avec les acteurs principaux ont été tournées à Hollywood.
Evocation des forces d’occupation :
Américaines: nous sommes sans cesse avec les Américains. Le cabaret Lorelei est en zone américaine; le club de baseball pour les jeunes orphelins se trouve en zone américaine; Erika habite en zone américaine (on voit la jeep de Pringle entrer dans le secteur américain pour aller la trouver); Hans Otto Birgel est caché dans le secteur américain. Les couleurs rouge-blanc-bleu évoquées entre la swastika et la faucille et le marteau évoquent tout à la fois les trois secteurs de l'Ouest, USA, GB et France.
Soviétiques: Dans l'avion, les parlementaires évoquent la présence soviétique; sur le tarmac, le capitaine Pringle mentionne les marchandises que les Russes offrent au marché noir; à deux occasions, on voit des soldates soviétiques au marché noir, devant la porte de Brandenbourg; il y a des soldats russes dans toutes les scènes de cabaret. La petite amie (Trudy) d'un soldat américain a finalement donné sa préférence à un Russe qui lui a offert du beurre. Le chant que l'on entend au début du clip ci-dessus est russe (on re-entend ce chant révolutionnaire dans la scène de cabaret finale, après la tuerie); quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine. Erika offre au capitaine Pringle de la wodka obtenue en zone russe.
Britanniques: Sur le tarmac, au début, le colonel dit qu'une moitié de la fanfare est présente, l'autre moitié est occupée dans le secteur britannique; quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine.
Françaises: deux Berlinoises disent à deux soldats américains en vélo préférer les soldats français car ils se déplacent en voiture. Le colonel américain mentionne le secteur français; quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine. Une partie de la chanson "Dans les ruines de Berlin" est chantée en français.
Evocation de la situation professionnelle de la femme américaine (femme libérée, au sens de ayant un statut professionnel très élevé).
Ils retournent à Berlin après le nazisme :
Marlène Dietrich (1901-1992)
Marlène Dietrich est née à Berlin. Elle commence sa carrière à Berlin mais rapidement fut remarquée par des réalisateurs qui firent d’elle, dès 1930, une star de cinéma en Amérique ; elle succède en quelque sorte à Greta Garbo. Comme elle ne veut pas retourner en Allemagne après 1933, ses films sont interdits en Allemagne. Citoyenne américaine dès 1939. Pendant la guerre, elle a passé pas mal de temps (1942 – 1944) au front en Afrique du Nord et en Italie, à donner des spectacles gratuits pour divertir les soldats alliés. Selon en.wiki « Dietrich recorded a number of anti-Nazi records in German for the OSS, including Lili Marleen ». Source
Elle revient à Berlin en 1945 où elle retrouve sa mère.
Billy Wilder (1929-1996)
Billy Wilder a commencé sa carrière à Berlin (comme journaliste). Quitte l’Allemagne en 1933. Citoyen américain dès 1934.
Revient à Berlin en 1945.
Wilder a passé l’année 1945 en Allemagne, en charge de la Division de la guerre psychologique de l’armée américaine (source). Il avait le grade de colonel.
Un de ses jobs consistait à conduire des interviews d'embauche de dénazification pour l'industrie du cinéma. C'est lui (qui avait travaillé avant 1933 à la Ufa) qui devait dire si tel ancien employé des studios pouvait continuer à exercer.
De retour à Berlin où il avait servi comme officier américain de propagande, Billy Wilder nous montre dans A Foreign Affair, un Berlin bombardé et plongé dans le marché noir. Il se rit de la morale petite bourgeoise américaine confrontée aux compromissions d’un monde déchiré par les horreurs de la guerre. Source
Il revient lui aussi à Berlin en 1945, en août 1945 (au moment de la conférence de Potsdam). Il collabore au documentaire Todesmühlen sur les camps de concentration. Sa mère et grand-mère ont disparu à Auschwitz.
Photo
Ouvrages:
Gemünden, Gerd, "In the Ruins of Berlin: A Foreign Affair (1948)" in Gemünden, Gerd, A Foreign Affair : Billy Wilder's American Films, New York : Berghahn Books, 2008, Collection Film Europa ; vol. 5.
Gerd Gemünden enseigne « German Studies and Comparative Literature » à l’université Dartmouth College au nord de Boston.
Notes prises dans Gemünden, Gerd, "In the Ruins of Berlin: A Foreign Affair (1948)":
En 1945, les forces d’occupation voulaient recréer une industrie allemande du cinéma afin d’avoir des spectacles pas chers pour les divertir de leur extrême misère matérielle et morale. Ils voulaient aussi utiliser le cinéma pour éduquer les Allemands. Ils l’ont en effet même utilisé pour montrer aux Allemands les crimes commis par leur gouvernement et leurs forces armées, au point de lier les tickets de rationnement au visionnement de tels films (p. 56).
Le film A Foreign Affair vient d’une idée de Wilder durant son séjour à Berlin en 1945 : le meilleur moyen d’éduquer les Allemands serait de produire des films drôles et cependant explicites sur les points d’idéologie chers aux Américains. De la propagande par le cinéma de divertissement. Wilder proposa de tourner le premier film de cette sorte: A Foreign Affair (p. 58).
Entre la date du projet et la réalisation du film, deux ans s’écoulent durant lesquelles Wilder devient plutôt sceptiques sur l’efficacité de l’occupation américaine (p. 60). C’est pourquoi, au final, le film est plutôt critique des valeurs petite bourgeoise américaines. Cette comédie sexuelle oppose une « scandaleuse de Berlin » à une héroïne américaine appelée Frost (gel) ! (p. 69).
La scène d’ouverture (un avion qui descend à travers les nuages) rappelle la première scène du Triomphe de la volonté de Léni Riefenstahl (1935).
Gemünden relève des allusion fascinantes dans ce film : la manière qu’a Frost de parler de Berlin (dans l'avion, au début du film) comme d’une ville « infectée de malaria morale» devant être désinfectée avec tout l’insecticide que l’on peut trouver » non seulement fait penser au discours américain pendant la guerre et à celui des services secrets d’après-guerre mais reprend presque mot pour mot celui des Nazis quand ils défendaient la pureté de l’âme germanique ! La coiffure de Frost fait tout à fait penser à celle d’une jeune fille du Bund deutscher Mädchen (organisation des jeunes filles sous Hitler) et Joseph Goebbels aurait tout à fait approuvé sa retenue sexuelle et son sens du devoir envers la patrie ! (p. 69).
Clin d’oeil pour les cinéphiles :
Phoebe Frost énumère les nouveautés qu’a connue sa ville (Murdoch, Iowa). Elle parle en particulier du changement de nom de la rue principale qui désormais s’appelle IWO JIMA STREET. 60 ans plus tard, le nom d’IWO JIMA sera associé à deux films de guerre très fameux de Clint Eastwood : ( Mémoires de nos pères 2006 et Lettres d’Iwo Jima 2007)
Questions:
Comment est traité le passé de la guerre ? Quel est le ton du colonel américain durant le tour en jeep, au début, quand il présente le Reichtag, la chancellerie, etc. ?
Son ton est plutôt léger. Car ils ont gagné. Car c'est déjà passé. Car ils n'ont plus rien à craindre des nazis. Mais plus encore, car c'est le parti pris du film: c'est une comédie. Dans une comédie on dit les choses (même les choses graves) avec légerté. A noter que traiter Berlin aussi légèrement en 1946-48, c'était très osé.
Que dit le colonel américain de l'occupation américaine à Berlin? Est-ce les VIP de Washington vont trouver que la "morale" des soldats américains à Berlin est irréprochable?
(Le colonel en parle au début du film, à ses soldats, sur le tarmac, avant l'arrivée des parlementaires; puis lors d'une séance dans son bureau devant les six parlementaires convaincus, sauf Madame Frost qui met en cause la moralité des soldats américains en particulier ce qui se passe au cabaret Lorelei; à la fin du film, durant la scène de l'aéroport, il présente à nouveau le "job" des Américains à Berlin, leurs difficultés, leurs points critiquables mais surtout leurs succès). Ils ont gagné la guerre et maintenant ils sont en train de gagner la paix dit-il. La plupart des soldats se comportent bien à Berlin.
Dans ce film, les Allemands sont-ils présentés comme des acteurs d'atrocités responsables des destructions qui les entourent ou sont-ils présentés comme des victimes de la guerre et des bombardements?
(R: Dès la première scène, en découvrant Berlin en ruine, Mme Frost dit "My God!" et un autre parlementaire commente la manière brutale de ces bombardements. Durant le city-tour au début, on insiste sur les ruines et sur le fait que les Berlinois doivent vivre dans ces ruines.
Pringle dit à Erika qu'ils sont prêts à changer de maître au gré des circonstances, d'abord Hitler (swastika) , puis les Américains (couleurs rouge blanc bleu) et peut-être un jour les communistes (faucille et marteau); Erika souligne ce genre d'avis en disant au capitaine Johnny Pringle, maintenant, tu es mon führer, "Heil Johnny"; Erika rappelle les souffrances des Berlinois depuis 12 ans; à la fin du film, elle répète à Phoebe Frost comment elle et les autres Berlinois ont dû "s'adapter" aux circonstances tragiques de la guerre, comment elle a souffert sous les bombardements. Il y a une des 4 chansons qui est consacrées aux ruines de Berlin et à la vie dans ces ruines. Donc, les responsables d'atrocités, ce sont les Nazis présentés lors du tour en ville et représenté par le vilain Birgel qui est tué à la fin du film. Mais les Allemands, eux, sont plutôt présentés comme des gens qui obéissent, qui suivent, qui s'adaptent, qui sont des victimes).
Quelles forces d'occupation sont évoquées dans le film? A quelles occasions, dans quelles scènes?
Evocation des forces d’occupation :
Américaines: nous sommes sans cesse avec les Américains. Le cabaret Lorelei est en zone américaine; le club de baseball pour les jeunes orphelins se trouve en zone américaine; Erika habite en zone américaine (on voit la jeep de Pringle entrer dans le secteur américain pour aller la trouver); Hans Otto Birgel est caché dans le secteur américain. Les couleurs rouge-blanc-bleu évoquées entre la swastika et la faucille et le marteau évoquent tout à la fois les trois secteurs de l'Ouest, USA, GB et France.
Soviétiques: Dans l'avion, les parlementaires évoquent la présence soviétique; sur le tarmac, le capitaine Pringle mentionne les marchandises que les Russes offrent au marché noir; à deux occasions, on voit des soldates soviétiques au marché noir, devant la porte de Brandenbourg; il y a des soldats russes dans toutes les scènes de cabaret. La petite amie (Trudy) d'un soldat américain a finalement donné sa préférence à un Russe qui lui a offert du beurre. Le chant que l'on entend au début du clip ci-dessus est russe (on re-entend ce chant révolutionnaire dans la scène de cabaret finale, après la tuerie); quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine. Erika offre au capitaine Pringle de la wodka obtenue en zone russe. Une partie de la chanson "Dans les ruines de Berlin" est chantée en russe.
Britanniques: Sur le tarmac, au début, le colonel dit qu'une moitié de la fanfare est présente, l'autre moitié est occupée dans le secteur britannique; quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine.
Françaises: deux Berlinoises disent à deux soldats américains en vélo préférer les soldats français car ils se déplacent en voiture. Le colonel américain mentionne le secteur français; quand le colonel explique aux 6 membres du Congrès la politique de fermeture ou de tolérance envers les cabarets illégaux à Berlin, il mentionne les trois zones d'occupation à part la zone américaine. Une partie des chansons "Dans les ruines de Berlin" et "Black Market" est chantée en français.
Comment voit-on ou entend-on dans le film que la population de Berlin est affamée?
(R: Dans l'avion, un des parlementaires dit "la population de peut tout de même pas se nourrir de déchets!"; la scène de la tourte au chocolat près de la Porte de Brandenbourg; le colonel dit que la population a faim; les "candy bars" sont très précieuses, très utiles pour approcher les jeunes Berlinoises; les chansons mentionnent des produits comme le salami, la mortadelle; on raconte l'histoire d'une jeune fille qui a changé d'amoureux pour une livre de beurre rance).
Comment le thème de la dénazification est traité dans le film?
(R: Le héros du film (Johnny Pringle) est officier au bureau de dénazification; on présente des méthode pour dénazifier les jeunes, en particulier pour ce garçonnet qui trace partout des swastika à la craie; on voit les dossiers des suspects dans les archives; on voit les deux soldats allemands qui viennent interroger Erika dans son appartement; l'intrigue du film tourne autour de l'arrestation d'un nazi très recherché, Hans Otto Birgel; le colonel dit qu'il a fallu re-éduquer non seulement les enfants mais aussi les profs; on parle du Procès de Nuremberg, etc. Le film semble dire que la dénazification a réussi car le Nazi recherché, à la fin, meurt).
Est-ce que l'histoire du film se passe avant ou après le Procès de Nuremberg? (R: Avant ou pendant. Le capitaine Pringle prétend que le dossier de Erika n'est plus à Berlin, il a été envoyé à Nuremberg pour le procès). Le Procès se déroule du 14 novembre 1945 au 1 octobre 1946. Le film est supposé se passer en 1946 à Berlin.
Est-ce que l'on parle des Nations Unies dans le film? (R: oui, on en parle dans la première scène de cabaret, à la minute 1:03 du clip Black Market).
La Rose de Tokyo? voir Tokyo Rose (il n'y a pas d'article wiki en français)
Der Sieg ist uns Gewiss : Nous sommes sûrs de la victoire.
Est-ce que l’Allemagne est déjà divisée en deux (Allemagne de l’Est, Allemagne de l’Ouest) au moment de l’action du film (1946) ? (R. : Non, à deux reprises, dans le film, on voit une carte de l’Allemagne entière, non divisée. Une première fois dans le bureau de réunion du colonel, quand il fait un discours sur l’occupation américaine à Berlin, et une seconde fois, dans le bureau de dénazification. Pour information, l’Allemagne de l’Ouest fut créée le 23 mai 1949).
Der Sieg ist uns Gewiss : Nous sommes sûr de la victoire (graffiti sur une stature de dos, à la Porte de Brandenbourg)
Kidney Killer: référence à l'inconfort de la Jeep qui nous "casse les reins".
Gabriel HEATTER, un présentateur radio très populaire durant le Deuxième guerre mondiale, qui commençait toujours ses émissions par "il y a de bonnes nouvelles ce soir!" (les sous-titres utilisent l'orthographe HEATER).
Films sur Berlin après 1945
Voyage de classe à Berlin
***
NOTES SUR DES FILMS OU DES DOCUMENTAIRES.
***
**********
GYMNASE DU BUGNON, LAUSANNE, SUISSE
HISTOIRE - Sz
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire